Les Nomades font le Monde
23/08/23 à 12:08
Les Nomades font le monde est un projet d’éducation populaire qui ancre sur le terrain et dans l’action l’universalité revendiquée du Projet Ahmed. Cette entreprise s’appréhende en premier lieu comme une proposition d’actions culturelles qui constituent un laboratoire de recherche sur l’intégration d’une certaine misère du monde au moyen du théâtre, des arts plastiques, de l’écriture… et de l’humour. Un échange « sur le terrain » qui constitue un terreau artistique ancré dans le réel et dont l’évolution permet de réaliser des créations théâtrales et plastiques avec des amateurs et des professionnels.
Ainsi la farce philosophique à la croisée des genres et des sujets, traite par le rire et l’humour, les sujets douloureux de notre humanité.
Concrètement il s'agit de constituer une matière brute, un terreau artistique du projet en créant un espace de paroles et d’échanges entre habitants et exilés pour aborder ensemble les « sujets sensibles » : racines et identités, exil, nomade, sédentaire, racisme et discrimination, mal du pays, invisibilité sociale, etc.
Une fois par semaine, se déroulent des ateliers de réalisations artistiques alternant ateliers théâtre, création plastique, cuisine, poésie…avec comme moteur l’humour et la farce philosophique et comme outil le masque.
Ces ateliers constituent au fil de l'eau, un laboratoire de recherche sur la dimension universelle de notre humanité, permettant à chacun d’accomplir un voyage intérieur, personnel et philosophique, nous permettant de devenir « le nomade conquérant de notre désert intérieur» (Alain Badiou).
Les restitutions de ces ateliers se déroulent à différentes dates et en fonction des opportunités, sur l'ensemble du territoire sud-cévenol et peuvent s'incarner de différentes manières :
- Une ou plusieurs petite(s) forme(s) performatives, conçues à partir du fruit des ateliers d’écriture/parole, de farces médiévales, de saynètes extraites de Ahmed philosophe.
- Une exposition des photographies du projet
- Un affichage de rue sous forme de signalétique revisitée et poétique
- Des rendez-vous culinaires et gustatifs une à deux fois par an : le "banquet des cultures".
- Une représentation de la pièce de "Ahmed revient" avec le metteur en scène et comédien Didier Galas et le plasticien Jean-François Guillon.
Déroulement des ateliers :
- Atelier de parole / d'écriture :
Cette expérience commence par des rencontres et des échanges : partage d’anecdotes et de souvenirs, lectures de récits et de poésie, échanges de recettes de cuisine, expérimentation de ces recettes ensemble (dégustations de spécialités culinaires au cours des séances de travail), etc. La parole partagée crée un chemin d’humanité au cours duquel chacun pourra raconter et se raconter ce qui permettra de collecter des paroles, des textes, des récits, etc.
- Atelier cuisine :
Échange d’expériences culinaires (plats populaires, recettes familiales), réalisation commune du buffet, "banquet des cultures" qui donnera lieu à un moment convivial de partage gustatif auquel seront invités les habitants du territoire.
- Atelier de théâtre et jeu masqué :
Découverte de la notion de simplicité dans l’espace : le corps raconte et signifie par sa seule présence. Découverte du masque, de la transfiguration de l’identité. Apprentissage de canevas scéniques pour improviser, profération de textes éloquents (tirés de Badiou ou de farces médiévales).
- Atelier d’arts plastique :
Réalisation de dessins et de collages à partir de lettres et de mots ; fabrication de panneaux de signalétique poétique destinés à être installés dans les rues.
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Aux sources du projet :
L'humour :
Si Rabelais a énoncé que le rire était le propre de l’homme, d’autres scientifiques ou médecins ont approuvé depuis que l’action du rire et le phénomène de l’humour étaient des marqueurs incontournables de l’évolution humaine. Alors, un peu à la manière d’Alain Badiou quand il commence à écrire Ahmed le subtil pour se moquer du racisme, nous allons aborder certains sujets douloureux avec les premiers intéressés (migrants, personnes racisées ou exclues, pauvres, etc.) et même s’il nous arrive de pleurer, c’est par le rire que nous nous redresserons avec eux.
La langue :
Les échanges verbaux au cours des ateliers de parole, d’écriture, et d’arts plastiques s’élaborent à partir de la diversité des sons, des mots et des expressions de langage propre à chacun.e des participants. Une attention au sens, aux double-sens, et aux jeux de mots nous aidera à nous placer sur le terrain de la curiosité à l’autre, de la transgression des idées reçues, et de l’humour, pour faire face à des situations vécues en créant une matière poétique. La langue de Rabelais, piment poétique du projet, recèle aussi des mystères pour les contemporains francophones que nous sommes et nous permet d'expérimenter une forme "d'exil linguistique" établissant par là même, une sorte d'équité avec les participants de différentes origines, et le public.
Le masque :
Au cours de nos ateliers de pratique théâtrale, nous utilisons le masque. Cet outil archaïque est fondamental pour nous permettre de réfléchir à l’identité telle que le masque-visage la définit : qu’est-ce qu’un visage, du délit de faciès au délit de pensée ?
Il faut savoir que dans l’histoire du théâtre européen, le masque a été un moyen d’expression contesté par l’église, par la bienséance ou par les modes passagères qui l’ont rejeté (et parfois le rejettent encore). La possibilité de glisser d’une identité à une autre n’est pas toujours aisée.
L’oeuvre d'Alain Badiou :
Lors des ateliers de théâtre, nous travaillerons aussi à partir de scènes de théâtre tirées de l’oeuvre d’Alain Badiou, en particulier autour de la figure de Ahmed, que nous poserons un peu comme un axiome scénique du personnage comique qui génère l’entourloupe. Nous veillerons à ce que tout le monde puisse se saisir du masque de -Ahmed pour l’incarner ; une manière de sortir du carcan de son identité pour atteindre l’universalité d’une posture de farce ancestrale, génératrice de rire.
Les Arts Plastiques :
Travail de création visuelle à partir du langage, des lettres et des mots pouvant donner lieu à l’installation d’une signalétique poétique dans la ville et d’expositions dans les lieux d’accueil (théâtre, salle polyvalente, etc.).
La restitution sous forme de spectacle :
Il est prévu la création d’un spectacle au terme de chaque année de travail. Ce spectacle sera constitué de textes écrits par les participants, de textes de farces du moyen-âge, de Molière et de Badiou. La dernière année, le projet sera de mettre en scène Ahmed le subtil et/ou Ahmed philosophe avec des amateurs.
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Pour voir des photos du projet : http://a-vifs.org/nathalie-crubezy/nomades/nomades.html
Pour en savoir plus ou participer au projet, contactez-nous !
Pénélope Chauvin, Groupe CVN
tél : 06 11 91 92 35
Projet soutenu par :
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